Ragna Crimson tome 14
Plate-forme : Bande Dessinée
Date de sortie : 11 Avril 2025
Résumé | Test Complet | Actualité
Editeur :
Développeur :
Genre :
Bande dessinée
Multijoueur :
Non
Jouable via Internet :
Non
Test par

Nic007


8/10

Scénario et dessin : Daiki Kobayashi

Ragna Crimson est une série toujours en cours de parution et qui a connu quatorze tomes à ce jour au Japon aux éditions Square Enix. Ragna est un chasseur de dragons faible qui fait équipe avec Léonica, la plus puissante chasseuse du monde. Il commence à avoir des cauchemars d'un avenir sombre avec la mort de Leo. Peu de temps après, le jour qu'il a vu dans ses rêves s'est produit. Pendant qu'il se lamente sur sa faiblesse, son futur soi apparaît devant lui et lui mentionne comment il est devenu le plus fort, puis lui raconte qu'il a massacré des tonnes de dragons, tout en regrettant toujours son incapacité à sauver Leo. Il a donc trouvé le moyen de donner à l'homme qu'il était dans le passé son pouvoir futur afin de créer un avenir meilleur. Maintenant, Ragna est très fort et fait équipe avec Crimson, un roi dragon qui change régulièrement d'apparence entre mâle et femelle. Il s'avère aussi fou et de sang-froid que le nouveau Ragma. Leur objectif est d'éliminer tous les dragons une fois pour toutes. Après le Goblin Slayer, voici donc en quelque sorte le Dragon Slayer, un tueur de dragons qui cherche à obtenir justice après la disparition de sa famille et de son amie d'enfance par un cracheur de feu.

À chaque nouveau volume, Ragna Crimson confirme qu'il est impossible de revenir en arrière dans la spirale sombre et épique que Daiki Kobayashi a construite. Le tome 14 est un tourbillon d'action, de trahisons et de révélations qui bouleverse à la fois le protagoniste et le lecteur. Après les événements intenses du tome 13, où Ragna consolidait sa position de Guide Exterminateur et où Crimson préparait sa guerre personnelle, ce tome pousse la tension à son paroxysme avec une embuscade qui redéfinit l'ampleur du conflit entre humains et dragons. L'histoire commence avec la mission confiée à Ragna : récupérer un fragment de la mythique comète d'argent dans les mines de Lugia. Dès le début, le protagoniste soupçonne que cette mission n'est qu'un leurre du clan Rugissement. Il décide néanmoins de pénétrer dans la grotte, convaincu de pouvoir profiter de la situation pour vaincre un dragon supérieur. Ce qu'il découvre, cependant, dépasse de loin ses espérances : un univers scellé par le pouvoir de Banko, le Roi des Os, où la réalité elle-même est déformée et où tout autour des personnages se transforme en un monde immuable, immobile, presque éternel. Ce procédé narratif fonctionne bien plus qu'un simple piège. Kobayashi l'utilise pour enfermer les personnages dans une sorte de théâtre du désespoir, où les possibilités d'évasion sont inexistantes et où la seule issue est de se battre jusqu'au bout. L'affrontement à la mine de Lugia se révèle bientôt être une véritable démonstration de puissance draconique. Ragna se retrouve face à une coalition de dragons supérieurs, dont beaucoup ont des affaires inachevées après les humiliations subies lors des batailles précédentes. Parmi eux, on retrouve Glestnowak , le Dragon Machine , une abomination blindée dotée d'un arsenal combinant la brutalité biologique des dragons à une technologie de guerre avancée. Son design, débordant d'engrenages, de canons et de mécanismes impossibles, est l'un des points forts visuels de ce volume, rappelant que Kobayashi ne se limite pas aux créatures organiques, mais explore des fusions de plus en plus extrêmes. Le combat contre Glestnowak est l'un des moments les plus intenses de la série à ce jour. Ragna, accompagné de Nim Hamunim et de Li Ruoxi, est contraint de déployer toutes les compétences qu'il a forgées en tant qu'Épée d'Argent, face à un ennemi qui non seulement le surpasse physiquement, mais met aussi à l'épreuve son intelligence et son endurance. Chaque affrontement se transforme en un déluge de cases explosives, où le dessin détaillé et l'utilisation des contrastes accentuent la sensation d'assister à une apocalypse miniature.

Au-delà du spectacle visuel, ce volume démontre une fois de plus que Ragna Crimson ne se contente pas d'offrir des combats spectaculaires : une dimension émotionnelle ou philosophique donne toujours du sens à la violence. Dans ce cas, le « monde impérissable » créé par le fragment de Banko fonctionne comme une métaphore des cicatrices des personnages, des blessures figées dans le temps. Pour Ragna, cette immobilité reflète son obsession de détruire les dragons, un objectif qui ne souffre ni repos ni vieillissement. Pour les dragons supérieurs, en revanche, elle représente la possibilité d'enfermer leurs proies dans un espace sans issue, un règne absolu de peur et de désespoir. Le lien entre Ragna et ses alliés est également mis à l'épreuve. Nim Hamunim et Li Ruoxi ne sont pas de simples compagnons : chacun apporte des nuances au récit, montrant que la lutte contre les dragons n'est pas seulement une question de force individuelle, mais de confiance, de stratégie et de résilience collective. Au milieu de la brutalité, des moments de camaraderie émergent, humanisant encore davantage l'odyssée. Tandis que Ragna mène son combat en Lugia, Crimson continue de développer son rôle dans l'ombre. Sa figure demeure un élément moteur de l'intrigue : ni héros ni méchant, mais un stratège capable de manipuler chaque pièce du puzzle pour parvenir à ses fins. Dans ce volume, sa présence est plus discrète, mais son influence se fait sentir en arrière-plan : tout ce qui se passe en Lugia s'inscrit dans un mécanisme plus vaste qu'il calcule également. Kobayashi nous rappelle une fois de plus que, bien que l'accent soit mis sur Ragna, la série est un réseau complexe de plans qui se chevauchent, où Crimson semble toujours avoir le dernier mot. Si le précédent tome soulignait déjà la brutalité visuelle de l'affrontement avec Rapterika, Daiki Kobayashi met les bouchées doubles dans le tome 14. La représentation de Glestnowak est un véritable travail d'ingénierie artistique : chaque pièce de son armement, chaque détail mécanique, est dessiné avec un soin méticuleux, transmettant la sensation d'affronter un ennemi invincible. La mise en scène des combats exploite pleinement les ressources du manga : des cases panoramiques qui traduisent l'ampleur, des doubles pages qui figent les moments clés, et une maîtrise magistrale des ombres qui intensifie l'atmosphère oppressante de Lugia. À cela s'ajoute l'expressivité des personnages. Ragna, bien qu'endurci par sa mission, continue de laisser entrevoir une certaine humanité, notamment dans ses interactions avec ses compagnons. Les dragons, quant à eux, oscillent entre le grotesque et le majestueux, consolidant l'imagerie visuelle unique qui distingue cette œuvre des autres œuvres du genre.

VERDICT

-

Ragna Crimson Vol. 14 est un opus palpitant, où l'action atteint des sommets spectaculaires et où le récit ne perd jamais de vue les nuances émotionnelles et philosophiques qui caractérisent la série. L'embuscade sur Lugia n'est pas seulement une nouvelle bataille : elle rappelle que la guerre contre les dragons est loin d'être terminée et que chaque victoire a un coût psychologique de plus en plus élevé.

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