New York, 2060.

L'aventure se déroule dans un New York futuriste de 2060, au sein de l'agence ChronoZen où tous les voyages dans le temps sont facilités grâce à ses agents spéciaux. Fia Quinn est une voyageuse chargée d'accompagner les clients lors de sauts à d'autres époques afin de s'assurer qu'ils ne modifient pas la ligne temporelle d'origine. L'aventure comporte sept chapitres, qui vont du plus simple au plus complexe. On y visite des moments précis de l'histoire, des bars clandestins de la Prohibition aux gangs impitoyables de l'Âge d'or, en passant par le World Trade Center en septembre 2001. Des histoires indépendantes, qui se rejoignent ensuite dans une intrigue bien plus complexe. Au début, nous pensions qu'il s'agissait simplement de tourisme, où l'on pouvait visiter ces chères cartes postales. En réalité, chaque voyage fait partie d'un tout, d'un vaste réseau qui nous invite à réfléchir sur la vie, les relations, le temps ou le destin. Dans chacun de ses épisodes, on visite une époque spécifique avec son propre thème et une galerie de personnages attachants aux personnalités bien définies. Cela pourrait être un crime. Ou une disparition. Probablement une usurpation d'identité ou simplement une occasion de savourer le passé en faisant un peu de tourisme. Quoi qu'il en soit, Old Skies ne ménage pas son récit. Il met en scène toute une machine à événements avec des dialogues percutants, à travers des personnages complexes qui portent les cicatrices de leurs propres mésaventures. Voyager dans le passé semble formidable, mais… il y a des règles . Des règles à suivre scrupuleusement pour maintenir l'ordre spatio-temporel et, bien sûr, pour garder son sang-froid, avec un peu de MyM (la boisson locale d'Orbis, le pub habituel).

Old Skies hérite du format interactif d' Unavowed avec une série de mécaniques qui le différencient des point'n'click classiques. Vous pouvez examiner l'environnement et d'obtenir des détails sur chaque objet intéressant, effectuer des actions comme déplacer ou ramasser des objets importants pour les envoyer directement dans l'inventaire (où l'on peut ensuite les combiner ou les utiliser où bon nous semble). D'autre part, lors des interactions avec les autres personnages, le jeu offre la possibilité de sélectionner différents dialogues grâce à son récit interactif. Cet échange de mots est très utile pour obtenir des indices qui serviront plus tard dans le manuel de voyage dans le temps . Il fonctionne comme un atlas où l'on peut rechercher des informations précieuses pour débloquer des informations supplémentaires sur les personnages ou voir si les actions effectuées ont eu un effet immédiat sur l'avenir. C'est un guide très intéressant et utile. Si on le préfère, on peut également appeler Nozo (agent de guidage) pour obtenir des instructions plus précises sur la marche à suivre (utile en cas d'embouteillage ou de blocage). Attention, ce jeu n'est pas particulièrement compliqué. Au contraire, il propose un format convivial et intuitif. Le processus d’essais et d’erreurs peut être épuisant, mais les résultats sont si amusants qu’il est impossible de ne pas l’aimer.

Une charmante réalisation.

Artistiquement, c'est tout simplement magnifique. Ce pixel art crée des compositions si soigneusement élaborées qui reflètent avec charme le passage d'une époque à l'autre. Ce vert émeraude chaud perce le ciel velouté pour faire tomber les envahisseurs d'un autre temps. On adore les détails de ses vêtements avant et après son arrivée. Cette animation 2D de Fia sautant dans un vide de questions et d'insécurités en salopette de travail, pour ensuite la transformer en une magnifique robe des années 1950 , est tout simplement phénoménale. De plus, les animations elles-mêmes sont le fruit d'une grande attention. Des détails aussi infimes que les plis des vêtements au vent, ainsi que le mouvement de son cou lorsqu'il boit quelque chose. Les pulsations dans ses yeux ou le recourbement de ses cils en cas de surprise. Pour une aventure graphique, c'est un travail d'orfèvre. Sans parler de la façon dont les décors parviennent à transmettre l'émotion. Chaque lieu s'inspire d'une époque particulière pour refléter des moments précis de l'histoire. On se sent comme un touriste. De plus, les performances sont très stables sur Nintendo Switch. Il est aussi amusant de constater le très grand décalage entre l'accent anglais marqué de Fia et ses contemporains américains. Plus gênant, l'absence totale de localisation française risque de compromettre sa diffusion dans l'Hexagone, d'autant qu'il y a énormément de textes à suivre durant l'aventure qui dure environ treize heures au total. Il y aura beaucoup de fin de partie anticipée (oui dans un point'n'click c'est rare de tomber sur un game over) mais les différentes turpitudes de Fia sont toujours introduites avec beaucoup d'humour.