Un classique de l'horreur enfin sur Switch.

Afin de rendre les jeux d'horreur à nouveau effrayants, de plus en plus de jeux ces dernières années limitent ou suppriment votre capacité à riposter contre les ennemis, vous forçant à courir et à vous cacher au lieu de les affronter. Bien que ce concept existe depuis un certain temps, il a été popularisé par Amnesia : The Dark Descent. Avec la récente sortie de Soma  sur Nintendo Switch, il est temps de s'intéresser de nouveau à un jeu qui a perfectionné ce type de gameplay, tout en proposant des environnements atmosphériques, un doublage phénoménal et une histoire qui vous fait vraiment réfléchir à la condition humaine. Si vous n'avez jamais essayé ce jeu vidéo de science-fiction et d'horreur de survie du développeur Frictional Games, il est désormais temps de rattraper votre retard. Vous y incarnez Simon Jarett, un jeune Torontois propriétaire d'une librairie de bandes dessinées, qui subit un scanner cérébral après un accident de voiture qui lui a laissé des lésions cérébrales apparemment permanentes, voire mortelles. Tout va bien, jusqu'à ce que le casque de la machine se détache et que Simon se retrouve loin de l'endroit où il s'attendait : dans une sorte de base sous-marine, apparemment abandonnée par les humains et envahie par des machines hostiles errant dans les couloirs, dont certaines se prennent même pour des humains. Nous entrerions bien plus dans les détails, mais nous ne voulons pas donner d'éléments majeurs de l'intrigue ; en fait,  il est probablement préférable de découvrir Soma avec le moins de connaissances préalables possible. Au fur et à mesure que le jeu progresse et que l'histoire se dévoile, vous vous poserez des questions sur ce que signifie être humain. L'histoire est sublimée par les superbes doublages de tous les personnages, même ceux que vous ne rencontrerez qu'une seule fois. Cela vous aide vraiment à ressentir de l'empathie pour eux, même s'il s'agit d'un robot.

L'action se déroule dans un vaste complexe sous-marin, un futur lointain des années 2100. Un incident s'est produit, et Simon Jarret n'est clairement pas censé être là. Le jeu combine avec brio terreur des abysses et éléments de science-fiction horrifique. Fidèle à la tradition des autres titres de Frictional, Soma est une expérience solo scénarisée. Votre personnage est incapable de riposter aux ennemis ; il est donc conseillé d'éviter les conflits autant que possible. Vos seules options sont de fuir et de vous cacher, et  Soma propose souvent des moyens intéressants pour y parvenir. Par exemple, vous pouvez parfois vous réfugier rapidement dans une pièce et sceller la porte, en vous cachant derrière un bureau ou dans un coin sombre. Vous pouvez également ramasser et lancer des objets (lampes, canettes, etc.) pour distraire les ennemis. C'est particulièrement efficace car certains ennemis sont aveugles et ne réagissent qu'au son. Ainsi, le moindre bruit peut les attirer ; le simple fait d'allumer ou d'éteindre votre lampe de poche les avertira de votre position. Les types d'ennemis que vous rencontrerez dans  Soma vont des machines furieuses aux créatures si étranges qu'elles déformeront votre vision au moindre regard. Certains attaqueront sans opportunité, tandis que d'autres vous traqueront activement jusqu'à ce que vous les esquiviez, les piégiez, ou qu'ils vous tuent. La plupart des ennemis émettent un son pour vous signaler leur présence. Grâce à la qualité sonore exceptionnelle de Soma, nous vous recommandons de vivement de porter un casque, non seulement pour mieux repérer les ennemis, mais aussi pour vous imprégner de tous les sons de l'environnement. Contrairement à d'autres jeux de survie où vous pouvez rapidement vous réfugier dans un casier ou un placard, dans Soma , vous êtes toujours plus ou moins vulnérable, ce qui contribue à accentuer la tension. Si vous êtes blessé par l'une des nombreuses horreurs qui peuplent Soma , votre santé ne se régénère pas automatiquement, ajoutant une tension supplémentaire à des combats déjà tendus.

Un jeu qui reste pertinent dix ans après.

Soma a deux niveaux de difficulté : le mode normal et le mode Safe. En mode normal, les ennemis sont hostiles et vous poursuivront et vous attaqueront si vous êtes alerté, mais leur santé ne se régénère pas, etc. Cela signifie que vous pouvez mourir – et vous le ferez. Le mode Safe, quant à lui, inverse tout cela et offre une expérience de jeu totalement différente, pour le meilleur . En mode sans échec, les ennemis ne sont pas hostiles, vous ne subissez pas de dégâts et vous ne pouvez pas mourir. Cela ne signifie pas que les ennemis ne réagiront pas à vos actions. Un mod, judicieusement intitulé « Mode Wuss », était disponible sur PC et permettait aux ennemis de vous ignorer complètement. Contrairement à ce mod, les ennemis du mode Safe officiel de Soma réagiront toujours à votre présence ; ils n'attaqueront simplement pas. Si un ennemi vous remarque, il viendra vous inspecter, puis repartira et reprendra sa patrouille initiale. Si vous vous approchez trop, ils vous repousseront et reculeront, mais c'est là toute leur agressivité. Certains pourraient arguer que cela enlève toute horreur au jeu, mais je ne suis pas d'accord :  Soma  reste un jeu effrayant et obsédant, même sans la menace de mort qui plane sur vous. Les ennemis de Soma sont toujours incroyablement dérangeants, surtout les plus humanoïdes, avec leurs gémissements de douleur/colère quasi constants alors qu'ils se traînent sans but. En fait, le mode sans échec permet d'atténuer une partie de l'ennui qui peut survenir en mode normal, que ce soit par des sections répétées après un échec ou par le fait de devoir se débarrasser à plusieurs reprises des ennemis qui vous ont trouvé ; cela peut ruiner le rythme du jeu et devenir lassant. En supprimant ces moments, vous pouvez vous concentrer davantage sur l'histoire, qui est à mon avis le point fort de Soma.

Côté performances techniques, Soma fonctionne bien sur Nintendo Switch et est un excellent exemple de direction artistique inspirée. Les environnements sont très réussis, malgré un degré de détails un peu réduits par rapport aux moutures antérieurs, et la conception sonore est excellente. Le framerate a tendance à chuter à de rares moments, mais ce n'est pas vraiment un problème. Un hommage particulier est rendu au design des créatures qui apparaissent devant nous, inspiré et original, spécialement étudié pour insuffler une tension au joueur. Une tension également alimentée par une utilisation intelligente de l'audio. La bande-son, elle aussi parfaitement étudiée, parvient à captiver le joueur et à l'entraîner au fond de l'océan. Le titre est également sous-titré en français avec un excellent doublage anglais ; grâce à la traduction, il est facile de suivre l'histoire fantastique et les aventures de Simon. A noter que les développeurs ont lancé un patch pour optimiser le jeu sur Nintendo Switch 2, offrant une résolution améliorée, un niveau de détail plus élevé, une fréquence d'images plus stable, des temps de chargement plus rapides et de meilleures textures. Signalons également qu'une édition physique est prévue sur la Switch dans les prochains mois (une première pour le jeu tout support confondu).