Congo blanc rassemble trois histoires se déroulant dans le décor du Congo belge à trois époques différentes : Congo 40, Fleurs d’ébène et Congo blanc, trois albums depuis longtemps épuisés chez Casterman, sont réédités dans cette superbe intégrale. Warnauts et Raives forment définitivement l'un des tandems les plus intéressants du monde la BD. Le cœur de l'histoire de "Congo 40" (1988) est prisonnier de Vincent et Laurence, un jeune gigolo retiré dans la tranquillité de la jungle et une jeune femme traumatisée par un terrible passé. Tous deux tenteront de partager leur vie et rencontreront des obstacles constants et inattendus qui semblent être arrangés avec l'intention diabolique de séparer leurs destins. D'après ce que l'on voit au premier coup d'œil, le dessin est très bon. Si le scénario est à la hauteur, c'est encore mieux. Dans "Fleurs d'ébène" (2007), le Congo Belge est à présent à la veille de l'indépendance. Jean Leman, commissaire alcoolique et mari trompé, doit enquêter sur l'assassinat déguisé en accident d’un « Nègre », pour balayer la petite société coloniale de l’époque. Ils montrent le racisme affiché des colons de l'époque et leurs obessions pour les jeunes femmes noires, les fleurs d'ébène du titre. Un récit à la fois thriller politique, historique, et aussi légèrement fleur bleu. Enfin "Congo blanc" est une courte histoire de dix pages qui faisait parti de l'album "Equatoriales" (1992) qui s'articule sur une couple en crise. Lee pouvoir de l'image réside dans l'expression des sentiments, de leur ambivalence.

Le duo Warnauts-Raives travaille ensemble sur diverses histoires depuis près de 30 ans.  Ils ont un accord étrange entre eux, mais que cela soit leur préoccupation. Warnauts a le droit exclusif sur le texte, Raives sur la coloration et le « reste » est réalisé par quatre-mains. Leurs œuvres se déroulent presque partout dans le monde. Du Congo à l'Amérique d'Obama en passant par Venise. Cette intégrale se déroule à la fin d'un monde ancien. Tensions, intrigues, trahisons et cela sur fond d'un espoir constant. Ceux qui ont un peu de patience ont toujours raison. Comme souvent chez Warnauts, c'est intéressant. L'auteur a pris comme toile de fond une période très mouvementée et intéressante pour son histoire et intègre suffisamment des données précises. Il y a même une partie "Portraits et recherches" à la fin de l'intègrale. Comme toujours avec Raives le dessin est magnifique et les couleurs ne laissent pas indifférent.