Scénario : Zidrou
Dessin : José Homs
2013. La cour d'appel de Londres vient de rejeter une plainte qui accusait Lionel Barrington, président d'une société d'armement, d'être responsable de la mort d'un enfant de sept ans, victime d'une mine antipersonnelle dite intelligente, fabriquée par la société que dirige Sir Barrington. Alors qu'il célébrait ce succès, Barrington était loin d'imaginer que son propre jardin était truffé de ces mines et qu'elles vont provoquer un nouveau drame. Les responsables de cet attentat est une organisation criminelle exclusivement féminine, symbolisée par l'idéogramme Shi (La Mort en japonais). Le récit fait alors un brutal retour là où tout a commencé, en mai 1851, date de la première exposition universelle. L'Empire britannique entend profiter de cet événement pour prouver sa supériorité industrielle, militaire et économique. Une jeune fille de bonne famille décide de s'intéresser au sort d'une japonaise dont le bébé est mort et qui a été enfermée dans un asile. Elle est loin de se douter que son acte va avoir de graves répercussions sur l'avenir ...
Quatrième volume et fin de cycle attendu, Shi affiche un suspense haletant qui ne sera pas résolu dans ce tome. Deux jeunes femmes, que tout oppose apparemment, vont se battre contre un complot infernal. Nous sommes en 1852, Jay et Kita sont en difficulté : la police et le terrible Kurb les ont  attrapés. Elles parviennent à peine à s'échapper avec l'aide de Sensei,  mais à quel prix ? Maintenant que leur tête est mise à prix, ells font  alliance avec les Dead Ends, le gang d'enfants des rues de Husband et  Sainte Marie-de-Caniveaux. Ensemble, ils veulent se venger de l'empire  britannique qui les écrase sans vergogne. Ils peuvent profiter des  décisions de la Reine Victoria pour atteindre leur objectif. Les  provinces nord-américaines réclament leur indépendance, et la Reine ne  peut l'apprécier que modérément. Elle fait construire une flotte navale  et déclare la guerre à l'Amérique. Un attentat est en préparation pour  le jour de la consécration... Le démon va verser des larmes, mais ne  vous y trompez pas, il s'en nourrira pour devenir plus fort et laisser  libre cours à sa haine. Ne commencez pas à lire cet album sans (re)lire les bandes dessinées  précédentes. Après tout, l'intrigue de Shi est compliquée par la fusion  de plusieurs scénarios. Nous suivons la vie de Jennifer "Jay"  Winterfield, de son amie japonaise Kita et de la petite Pickles. Après  tout, les deux femmes cherchent à se venger dans l'Angleterre  victorienne. Jay veut surtout se venger de l'establishment pervers et  corrompu auquel appartient également son propre père, un colonel  britannique. Shi sert une fois de plus un mélange de fiction, de  fantaisie, de thriller et tout cela avec une sauce sombre érotique et  cynique. La première partie nous a soufflé, la seconde était moins  importante en raison des allers-retours constants entre les différentes  histoires et époques. Dans le tome trois, l'histoire est devenue  beaucoup plus fluide et plus directe, ce que nous avons grandement  apprécié. Dans ce dernier album, les éléments fantastiques jouent à  nouveau un rôle plus important. On le voit immédiatement sur la  couverture où Jay, Kita et Pickles se réfugient dans d'énormes griffes  démoniaques. L'artiste espagnol José Homs continue de montrer, album  après album, à quelle classe il appartient. Ce n'est pas différent dans  cet album. À la page dix, il nous fait souffler avec un démon qui  s'élève de la mer et la vue du chantier naval à la page dix-huit est  d'une beauté à couper le souffle. On retrouve un trait réaliste expressif, et des personnages féminins très sensuels (mais jamais vulgaire).
  
  
  
  
  
 
VERDICT
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Shi est une série policière et d'aventure de qualité. Tout au long des quatre albums du premier cycle, vous pouvez sentir les éléments de fantaisie ruisseler. Dans ce dernier album, le scénariste Zidrou sort le grand jeu et le contenu fantastique de la serrure. Nous devons attendre et voir comment l'écrivain façonnera le deuxième cycle déjà annoncé. Le dessin de Homs est tout simplement merveilleux, mais l'ambiance devient de plus en plus sombre au fil des tomes.