C'est avant l'aube que la nuit est la plus noire… Mais depuis combien de temps n'a-t-on pas vu la lumière du jour ?
Ombre et lumière.
Développé par le studio belge Fishing Cactus , Gloomy Eyes est un jeu d'aventure, d'action et d'énigmes mettant en scène Gloomy et Nena. Gloomy est un enfant qui appartient au monde des morts, ou plutôt des morts-vivants. En réalité, c'est un zombie qui erre malgré lui dans le monde des vivants. Nena est une enfant qui ne voit pas les choses comme les adultes, mais elle perçoit la beauté et la pureté des intentions. Le monde de Nena et Gloomy est plongé dans les ténèbres ; le soleil ne se lève plus et, dans cette nuit perpétuelle, des zombies émergent . Mais les humains, qui autrefois acceptaient presque volontiers leur présence loin des villes, s’y opposent désormais farouchement et se consacrent à leur traque, épaulés par des hordes de personnages louches, lourdement armés et cagoulés. Il s’agit des membres d’une secte, menée par « Le Prêtre », le père de Nena. Nena ne supporte pas l'obscurité et le soleil lui manque. Elle se lance alors dans une quête solitaire – ou presque – pour découvrir la cause de cette nuit sans fin. Elle découvrira plus tard, avec Gloomy, que le soleil a été capturé et est retenu prisonnier. Et les surprises ne s'arrêtent pas là. Gloomy Eyes est un jeu assez unique, difficile à définir précisément, notamment en raison de sa nature singulière. Il rappelle un peu It Takes Two, car il propose un mode coopératif intelligent, utile pour terminer les niveaux, mais il est également possible d'y jouer en solo, avec un personnage à la fois. C'est un jeu de réflexion, car les niveaux sont composés de petites énigmes intéressantes et jamais triviales, qui requièrent observation, raisonnement et une pointe de folie pour être résolues.
Les deux enfants s'uniront bientôt, après seulement quelques niveaux, et dès lors, le jeu gagnera en complexité et en interactivité jusqu'à la fin . Nous progresserons à travers quatorze niveaux individuels et indépendants, conçus avec une particularité unique : ce sont des dioramas que l'on peut observer librement de l'extérieur pour en comprendre les détails, le fonctionnement des mécanismes et, surtout, la création des strates, essentielle pour atteindre la fin. Les personnages n'ont quasiment aucune interactivité. Nena peut seulement grimper et descendre des corniches, sauter d'un bord à l'autre et actionner certains interrupteurs. Gloomy, quant à lui, a la force de lancer des os, des pierres et autres objets, et de déplacer des objets de tailles diverses, comme des cercueils, des chariots, etc. Pourtant, tous les mondes du jeu paraissent incroyablement vivants et interactifs, donnant l'impression que ces deux enfants maîtrisent parfaitement l'histoire. Une caractéristique marquante des différents dioramas est la présence de zombies en position statique, dont l'activité est toutefois limitée à la lumière artificielle qui les éclaire . En effet, Nena ne pourra pas passer devant eux s'il fait sombre, car les zombies seront alors actifs et prêts à la capturer. Inversement, si la lumière est allumée, Gloomy ne pourra pas passer car « aucune crème solaire ne protège un zombie de la lumière ». Ce détail simple mais apparemment banal crée toute une dimension de gameplay qui peut être influencée à la fois en déplaçant les lumières grâce aux capacités de lancer de Gloomy et en les allumant (ou en les éteignant) grâce aux capacités de Nena.
Une réalisation soignée.
Comme deviné, le jeu s'inspire ouvertement du style de Burton, et tout ici en témoigne. Le style graphique de Nena and Gloomy est indéniablement distinctif, mais le personnage le plus frappant est celui du « Prêtre », qui arbore les mêmes traits que Jack Skellington, le protagoniste du film d'animation en volume du réalisateur américain, L'Étrange Noël de Monsieur Jack. La présence d'un récit qui dépeint Nena comme une jeune fille marginalisée, seule dans un monde qui n'est pas le sien et tentant de résoudre une situation complexe par ses propres forces, est typique de l'univers narratif de Burton , tout comme la juxtaposition du monde des vivants et de celui des morts, présentée sous un jour nouveau. La musique, en revanche, est tout simplement exceptionnelle. Composée d'instruments typiques des ambiances sombres et mystérieuses, tels que violoncelles, violons, piano, célesta et orgue, elle nous offre un accompagnement d'une efficacité remarquable, tandis que nous passons des heures en compagnie de ces deux personnages attachants. À plusieurs reprises, nous avons ressenti des frissons face aux couleurs qu'elle évoque et à l'émotion qu'elle suscite. Cerise sur le gâteau : toute l’histoire est commentée par Colin Farrell, qui incarne le « Gardien du Tombeau ». Sachant que Gloomy est mort avant de revenir sous forme de zombie, ce personnage, qui accompagne le récit, connaît parfaitement les événements et possède une vision globale du monde du jeu. Et, pour la petite histoire, il ressemble étrangement à Gehrman de Bloodborne. Grâce à la sélection de chapitres, rien ne manque : même les chasseurs les plus aguerris, intrépides face à l'obscurité, n'auront aucun mal à relever le défi. Oserez-vous le relever ? A noter que l'édition physique du jeu est livrée avec un fourreau, des autocollants, une carte postale et un coupon pour télécharger la bande originale.

VERDICT
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Gloomy Eyes est un petit bijou qui mérite d'être découvert pour de nombreuses raisons difficiles à expliquer : sa direction artistique, la beauté de ses environnements, son charme indéniable, la profondeur de ses personnages et ses deux protagonistes exceptionnels.