Brave Bell est un manga en six tomes paru au Japon aux éditions Kodansha. Sôji Sanada, un lycéen de dernière année, est intelligent et sportif. Il a également une nature bienveillante et n'hésite pas à prêter main-forte à ceux qui en ont besoin. Cependant, sa famille est composée de yakuzas. À cause de cela, il était détesté par les gens qui l'entouraient. Cette solitude va-t-elle durer éternellement ? Alors que l'anxiété prend le dessus sur son esprit, il reçoit un appel téléphonique et les choses commencent à prendre une tournure inattendue. Debout seul sous la pluie battante, dans une maison portant encore les cicatrices d'un massacre, Sôji jure de se venger. C'est l'histoire héroïque d'un jeune homme qui veut devenir un héros et qui fait face à une mystérieuse organisation géante.

Ce cinquième tome est, une fois de plus très bon. Alors que la puissante organisation « Legal Laught Asuka » a réussi à décimer la Section 1 de l’unité de sécurité Shirogane Safety via leur arme redoutable le « Divinferno Bombe », la situation tourne nettement en leur faveur. Les protagonistes se retrouvent sur la défensive, et de nouveaux « éveillés à la surpuissance » entrent dans la mêlée. Le héros, Soji Sanada, fils d’un clan yakuza autrefois influent, et ses alliés, notamment Akuri, doivent digérer la perte, découvrir le secret du Divinferno Bombe et riposter alors que l’ennemi passe à la phase suivante de son plan. Nous sommes en pleine lutte pour la justice face au pouvoir démesuré et l’idéalisme confronté à une réalité brutalement inégale. Soji, en tant que fils d’un chef yakuza, est tiraillé entre son héritage, qui lui impose certes force et violence, et un désir de redéfinir ce pouvoir pour le bien. Le fait que l’organisation et les « éveillés » soient déjà installés comme supérieurs place Soji et ses alliés dans une position de sous-force : il ne s’agit plus seulement de se battre, mais de rattraper, d’analyser, de comprendre l’arme (Divinferno Bombe) et de s’adapter. En filigrane, on retrouve le thème de la vengeance mais aussi celui de la protection : Soji ne veut pas devenir un tyran, mais plutôt protéger ce qui lui reste, camarades, territoire, et peut-être un idéal. Le poids de l’héritage familial, le sens du sacrifice et la question « qu’est-ce que je protège et à quel prix ? » se composent en arrière-plan. Narrativement, le volume est construit avec une efficacité énergétique. L’ouverture présente les conséquences de l’attaque de l’Organisation sur Shirogane Safety, mettant la tension très haut d’emblée. Les chapitres qui suivent développent la riposte : découverte du secret du Divinferno Bombe, planification d’une contre-attaque, affrontements nouveaux. Le dessin d’Okane assume les scènes spectaculaires : explosions, pouvoirs surnaturels, silhouettes menaçantes, le tout avec un sens du mouvement et de la tension. Le rythme se fait haletant, avec peu de temps morts, mais l’auteur prend aussi soin de donner des moments de souffle, les hésitations de Soji, les dialogues stratégiques (technique hyper usitée dans les shonen) ce qui permet de garder un équilibre entre action pure et émotions. Le lecteur est emporté, on ressent l’urgence du combat, mais aussi l’enjeu moral. Ce tome redéfinit les enjeux et change l’équilibre des forces. Jusqu’à présent Soji et ses alliés évoluaient dans une dynamique d’apprentissage ou de confrontation locale et ici, l’ennemi déploie une arme massive, la hiérarchie change, et la bataille devient plus personnelle. Pour le lecteur, c’est le moment clé où la série affirme son ambition, ce n’est plus un gentil shonen standard de combat lycéen ou de gang, mais un récit de lutte entre puissances, avec des armes surnaturelles, des conséquences graves et un héros qui doit dépasser son propre héritage. Ce tome donne l’impression que la suite ne sera pas seulement question de gagner un combat, mais de changer le rapport de force, et peut-être de redéfinir ce que « victoire » signifie. On apprécie tout particulièrement le mélange d’action et de questionnement moral qui est donné au récit car cela lui offre une densité supérieure à un simple manga de baston.