George Woodhouse (Michael Fassbender) et Kathryn St. Jean (Cate Blanchett) ne sont pas seulement des agents secrets, mais aussi un couple marié, avec tous les problèmes prévisibles que cette combinaison inhabituelle entraîne. George est toujours méfiant, maître des techniques d'interrogatoire, et s'il y a une chose qu'il ne supporte pas, c'est la malhonnêteté. Lorsqu'il découvre un soir un billet de cinéma dans les affaires de sa femme, qui s'embarque également pour un autre voyage à l'étranger, dont elle cache la destination sous le mot de code « sac noir » pour des raisons de renseignement, George commence à enquêter : que manigance Kathryn ? Le trompe-t-elle – ou pire encore pour lui : son pays ? Il lance une enquête dans laquelle les affaires privées et professionnelles se brouillent de plus en plus et qui plonge toujours plus profondément dans une possible conspiration de collègues.

Pour son nouveau film, l'ancien prodige hollywoodien Steven Soderbergh (« Traffic », « Kimi ») a de nouveau fait équipe avec l'expert du suspense David Koepp, auteur du scénario de « The Insider » (Black Bag en V.O.). Le résultat est un film assez typique de Soderbergh, qui, comme souvent, dépasse les bornes en termes de détails et de complexité de l'intrigue. Le public est censé sentir que le cinéaste se considère comme ayant l'avantage sur lui. Cela est rendu possible par une intrigue riche en rebondissements, la rétention d'informations et l'utilisation de termes spécifiques pas toujours compréhensibles. Si cette tendance a toujours été présente chez Soderbergh, elle prend le dessus dans « Black Bag », et l'approche très dialoguée contribue à l'impression peu agréable du film pour le public. La scénographie et les visuels de « Black Bag » contribuent également à cette impression de « coolitude », d'« intelligence » et de « finesse ». Le décor paraît froid, parfois même repoussant, tout comme la plupart des personnages, qui semblent peu sensibles aux émotions, et s'ils en ont, ils ne le montrent pas. Ils agissent toujours de manière calculée, cherchant leur propre avantage, privant ainsi le public de tout potentiel d'identification, notamment parce que les personnages paraissent systématiquement peu sympathiques. Il est intéressant de noter que Soderbergh a choisi Michael Fassbender pour le rôle principal de « Black Bag », qui a récemment excellé dans un rôle très similaire : dans la série Paramount+ « The Agency », il incarne un agent secret pris dans un tourbillon de chaos auto-infligé. La comparaison entre les deux rôles est évidente et inévitable, et Fassbender, dans la série, a clairement l'avantage ici, notamment parce que, malgré toute sa rationalité de secrétaire du renseignement, son personnage possède un noyau émotionnel qui le rend vivant et tangible. Cate Blanchett joue son rôle avec son assurance habituelle, mais elle n'en offre pas assez pour mettre en valeur son talent. Une fois de plus, le manque de profondeur dans la caractérisation des personnages est l'un des problèmes. Soderbergh, cependant, est un maître du cinéma et, malgré toutes les critiques justifiées, la réalisation technique et stylistique est irréprochable : « Black Bag » est un film techniquement bien réalisé. Ce sont les aspects atmosphériques qui, au final, font du film un thriller d'espionnage efficace. Les amateurs du style typique de « Soderbergh » en auront probablement pour leur argent.