Les aventuriers professionnels Tango et Mario sont arrivés à Manille, la capitale des Philippines, à bord d'un catamaran de luxe. Bientôt, ils passeront la barre au propriétaire. Mais le millionnaire est trop occupé pour venir récupérer son bateau et demande au duo s'il peut garder son yacht pendant six semaines supplémentaires. Cette vie de farniente est le scénario idéal pour Mario, qui n'est que trop heureux de retrouver une terre ferme sous ses pieds. Pour Tango, en revanche, l'ennui ne tarde pas à pointer le bout de son nez. Il part à la recherche de la flèche de Magellaan. En 1521, Magellan - oui, cet explorateur qui fut le premier à faire le tour du monde à la voile - et ses conquistadores furent impliqués dans une bataille sanglante avec le chef philippin Lapu Lapu, l'Ambiorix local. Magellan y est mort en recevant un fer de lance empoisonné dans le pied. Ce n'est donc pas lui, mais son esclave Henrique qui a été le premier à faire le tour du monde, mais nous nous éloignons du sujet. Tango veut chercher cette fameuse flèche ou pointe de lance et pense la trouver sur l'une des petites îles voisines. L'aventure s'annonce !

La série de bandes dessinées Tango n'a rien de particulier. Et pourtant, nous adorons lire les albums. C'est de l'évasion à l'état pur. L'aventure avec un grand A. Mais avec le tome 7, ce Bernard Prince 2.0 emprunte très prudemment une nouvelle voie. Le scénariste Matz (Le Tueur, Headshot,...) et le dessinateur Philippe Xavier (Conquistador, Crusade,...) continuent de ne jurer que par leur approche Netflix clinquante, faite d'action serrée, de décors de carte postale oniriques et de dialogues pleins d'esprit. Mais comme dans leur roman graphique Le serpent et le coyote, ils prennent désormais plus de temps. Le tome 7 est donc le premier volet d'un diptyque. L'intrigue s'étoffe, avec notamment un long flash-back sur la bataille entre Lapu Lapu et Magellan. Et surtout, il y a une bonne dose de Corto Maltese dans l'histoire. Non, pas les trucs ésotériques des derniers volumes, mais l'aventure discrète de la Ballade de la mer salée. Tango part également à la chasse au trésor, entre en contact avec un chef de tribu farfelu, ose s'asseoir sur une chaise en osier en forme de paon et - enfin - s'aventure dans un tango argentin. De petites références, mais qui ont un certain impact. Elles ajoutent de la profondeur à cette série d'aventure toute simple. Sur le plan graphique, Xavier poursuit le style du Serpent et du Coyote et l'album est truffé d'impressions qui s'étalent sur plusieurs pages. Cela fait automatiquement baisser un peu le rythme, mais ce n'est pas gênant. Combiné à des couleurs plus sombres, nous sommes particulièrement curieux de voir où la série nous mènera.