Au début de l'histoire, Tintin est sur un bateau de croisière à destination de l'Égypte, où il rencontre l'égyptologue Sophocle Sarcophage, engagé dans la recherche de la tombe du pharaon Kih-Oskh. Arrivé au pays des pharaons, Tintin découvre la dernière demeure du souverain égyptien, avec à l'intérieur une série d'égyptologues momifiés et des centaines de boîtes à cigares. Voyageant entre l'Arabie, l'Inde et l'Égypte, le jeune reporter doit élucider le mystère du tombeau et des cigares ... et se retrouve rapidement impliqué, ou plutôt pris dans un trafic de drogue. L'histoire se déroule sur deux albums, celui-ci et le suivant Le Lotus Bleu, conduisant le reporter en Inde et jusqu'à la lointaine Chine. Divers personnages apparaissent qui accompagneront également le protagoniste dans les aventures à venir - les policiers Dupond et Dupont, le méchant Rastapopoulos - mais les débuts importants sont bien différents.

L'histoire progresse à un rythme très rapide, de scène d'action en scène d'action, et il n'y a pratiquement pas de véritable chute. Le livre a été publié pour la première fois en 1932. Dans sa conception, Hergé a certainement été influencé par la découverte récente du tombeau de Toutankhamon. Le nom choisi pour le pharaon, Kih-Oskh, ne se retrouve pas dans l'histoire égyptienne, pas plus que son symbole, clairement inspiré du Taijitu de la religion taoïste. Bien sûr, l'histoire n'est pas dépourvue de l'élément de malédiction et d'une société secrète, qui ajoutent un peu de piment, si jamais il en fallait. Dans la quatrième aventure de Tintin, la longue marche d' Hergé vers la maturité créative et graphique commence. Les personnages deviennent moins fantoches, il commence à utiliser des images nuancées. Pour l'intrigue il ne s'agit plus seulement de décrire épisode après épisode, sans idée précise, un périple aventureux du reporter au toupet dans un pays qui lui est inconnu, comme cela s'était produit pour la Russie, le Congo et les USA, l'auteur a maintenant en tête un synopsis pour sa création : il doit découvrir les trafiquants d'opium et d'armes. Donc une autre aventure plongée dans la réalité de son temps ! Hergé abandonne aussi le plan purement "réel" des histoires précédentes pour entrer dans la sphère du fantastique, avec un regard sur le mystère, l'onirique et la folie. Quant à l'onirisme, il y a un rêve-hallucination, provoqué par les vapeurs d'opium, inhabituel pour une histoire qui devait théoriquement se retrouver entre les mains de lecteurs adolescents. Cette édition de l'album "Les cigares du pharaon" est publiée dans sa première version, autrefois éditée dans "Le Petit Vingtième". Nous y retrouvons une préface de Philippe Goddin (hergéologue) et une palette de couleurs totalement inédite.