Autopsie d'un imposteur
Plate-forme : Bande Dessinée
Date de sortie : 22 Septembre 2021
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Genre :
Bande dessinée
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Non
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Non
Test par

Nic007


8/10

Scénario :  Vincent Zabus
Dessin : Thomas Campi

Un polar qui se déroule dans les années 50, à Bruxelles, capitale défigurée par les travaux de L'Exposition Universelle. Un polar existentiel entre un maquereau citant Camus et un héros cherchant à trouver coûte que coûte sa place dans un monde trop moderne pour lui. Un polar où il sera question de prostitution estudiantine, de vieilles bourgeoises, de pieds humains congelés et de jolies indics...

Vincent Zabus montre comment un destin peut être contrarié par le poids qu’exerce la société sur le ressenti, le vécu de chacun. Le héros confronte ses aspirations légitimes à ce que la société dans son ensemble lui renvoie de lui-même. Bien qu’il n’adhère pas à cette image de lui-même, fausse, biaisée, la puissance, la violence du message qui lui est ainsi renvoyé le conditionne à l’accepter pour se conformer à ce qui est attendu de lui. Il se laisse alors manipuler jusqu’à se persuader de ne pas être digne de ce qu’il pourrait légitimement conquérir. La voix off qui accompagne le récit jusqu’à apostropher le héros, est d’une certaine manière la sienne, celle de son inconscient pollué. Malgré ses aspirations et ses efforts, le héros se sent plus paralysé par ses origines sociales (géographiques en l’occurrence) que par une réussite imméritée. Ses actions parlent à sa place. Il ne croit pas en lui, car une partie de la société lui dénie ce droit et que dans ce grand ordre social, il se pense obliger d’adhérer à cette pensée. En cela, Vincent Zabus a écrit un récit très sartrien. Le Sartre (compréhensible) des pièces de théâtre qui postule qu’un être est ce qu’il fait, ce qu’il décide pour lui-même, qui rappelle que le regard porté par autrui sur soi est un enfer. Le scénariste illustre alors avec des exemples et des situations concrètes, flagrantes, la dualité métaphysique ambivalente du philosophe au regard divergent. Vivre, exister revient à exercer un libre arbitre qui consiste essentiellement à faire des choix (de vie, de carrière, de santé, d’amours, etc.). Bons ou mauvais, la seule vraie règle consiste à accepter ces choix, à les assumer pleinement. Avec, contre ou malgré les regards extérieurs. Les élégants dessins de Thomas Campi ajoutent à la tristesse, le désenchantement du héros. Son trait et ses couleurs douces sont emprunts d’une certaine langueur qui soulignent l'amertume d'une atmosphère aussi lourde que sombre, dans le propos et les actions qui en découlent.

VERDICT

-

Une vision assez désespérée de l’humanité mais un drame social concluant.

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