Steelrising
Plate-forme : PlayStation 5 - PC - Xbox Series X
Date de sortie : 08 Septembre 2022
Résumé | Test Complet | Images | Actualité
Editeur :
Développeur :
Genre :
Action/Aventure
Multijoueur :
Non
Jouable via Internet :
Non
Test par

Nic007


7.5/10

La Révolution française est réprimée dans le sang par Louis XVI. L'automate Aegis affronte seule l’armée du roi pour sauver l’Histoire.

La révolution c'est moi.

Liberté, égalité, fraternité, que sont-elles sinon des mots vidés de leur sens lorsqu'un dirigeant ordonne de réduire son propre peuple au silence à l'aide de procédés mécaniques ? Si l'être humain envoie un tas de roues à sa place pour imposer la loi de la répression violente, cela a-t-il encore un sens de se battre ? La réponse se trouve peut-être dans les rouages de Steelrising. De Spiders vient maintenant une nouvelle réponse au désir d'habiller le Soulslike dans une tenue différente de celle des maîtres tailleurs appelés FromSoftware. Après Bound By Flame, l'équipe française a réussi à grandir régulièrement en termes d'ambition et de réalisation de différents aspects du RPG d'action, passant de The Technomancer à Greedfall et maintenant à leur dernier effort pour PlayStation 5, Xbox Series X et PC. Steelrising est sans conteste le point culminant des développeurs, mais en même temps, ce n'est qu'un petit pas en avant par rapport à leurs débuts. Maintenant, le gameplay, maintenant la direction artistique sont bien pensés, pourtant l'ensemble grince d'une certaine naïveté. Bref, nous sommes en France en 1789. Un baril de poudre plus grand que le château de Versailles couvait sous la Seine depuis longtemps, n'attendant qu'une mèche qui pourrait mettre la capitale à feu et à sang. Louis XVI ramasse le sceptre déjà usé de ses prédécesseurs et s'impose non seulement comme la seule voix, mais comme Dieu sur Terre. Il le fait en rejetant toute velléité d'égalité prônée par le tiers état, il le détruit d'abord en réprimant la prise de la Bastille, puis en s'appuyant sur une autre armée, celle des automates signée Eugène de Vaucanson. Environ après le Serment du Pallacord (20 juin 1789), l'histoire réelle prend un chemin déformé, un chemin parallèle à nos livres d'école qui sont réécrits dans la version à l'envers de Steelrising.

L'Ancien Régime ne doit pas mourir, et toute contestation est donc étouffée dans le sang, à tel point qu'à un moment Vaucanson lui-même est horrifié par les excès du roi, mais en réponse, ce dernier le fait emprisonner et confisque son magnum opus, Aegis. Agile comme personne, la danseuse souple a été assemblée pour divertir la cour, avant d'être reprogrammée à des fins guerrières. Une machine de combat aussi redoutable doit servir un objectif élevé. En effet, Louis XVI l'a nommée garde du corps de sa reine Marie-Antoinette, qui s'est peu à peu retrouvée confinée dans son opulente chambre. Accablée par la perte de ses enfants Sophie Hélène et Louis Joseph, la consort royale décide d'aller à l'encontre de son mari et active l'automate féminin. La mission est de la plus haute importance : Aegis devra retrouver son créateur, caché dans les ruelles de Paris, le seul capable d'éteindre les bains de sang. Que ce soit par le contact avec les humains ou par son artisanat sophistiqué, le protagoniste va progressivement acquérir une conscience de soi, mais cette conscience s'accompagne d'une responsabilité qui réside dans les choix à faire. L'envie de se lancer dans différentes parties de Steelrising vient en partie de la possibilité de ramifier l'intrigue en fonction de ses propres décisions ; pour être juste, ce ne sont pas des gimmicks originaux en termes d'écriture ou de déroulement, mais ils enrichissent juste assez l'intrigue pour tenir en haleine jusqu'à la conclusion. Plus que dans le déroulement des événements - avec des stratégies et une mise en scène à l'ancienne alternant longs clips et phases de jeu - le charme irrésistible de Steelrising réside dans le concept narratif lui-même, dans l'idée de mêler automates et Révolution française, trouvant ainsi un fil - ou un rouage - entre le topos de la création anthropomorphe qui nous est proche et les idéaux de l'époque.

Danseuse mécanique.

En parlant de choix, nous commençons au début, avec le power-up d'Aegis. Le protagoniste mécanique peut être personnalisé aussi bien sur le plan esthétique que sur celui du style de combat. On commence par un éditeur très simple avec des variables assez limitées : cheveux, visage en général et matériaux de construction sont tout ce qu'il faut pour huiler son guerrier. Outre les responsabilités décisionnelles susmentionnées, la rejouabilité de Steelrising réside principalement dans ses possibilités de jeu, des quatre classes initiales à leurs branches. Il s'agit du garde du corps, du soldat, de l'alchimiste et du danseur, le premier portant un marteau colossal, tandis que le troisième utilise des armes magiques. Notre gynoïde a pris vie sous la forme d'une danseuse gracieuse, dotée d'un éventail tranchant qui est aussi mortel en combat rapproché qu'utile comme défense physique. Si Greedfall mettait l'accent sur le cadre et l'intrigue, le cœur du dernier effort de Spiders réside dans son système de combat emprunté au travail de FromSoftware. Dès le menu initial, il sera possible de jeter un coup d'œil aux principales statistiques de l'alter ego, en favorisant un facteur plutôt qu'un autre et en ayant la certitude de pouvoir les augmenter tout au long de la campagne grâce aux nombreux vêtements disséminés dans le jeu. Il suffit de dire que rien que sur le chemin de la chambre de la Reine à Paris, les ennemis laisseront tomber une variété de couvre-chefs, de pantalons, de bottes et plus encore, ce qui donne un tableau de jeu de rôle suffisamment riche pour séduire ceux de l'Interrègne ou des plans de Gwyn. Désireux de donner une touche personnelle à la puissante fantaisie de Dark Souls, les auteurs ont mis en place une série d'éléments qui rendent leur travail plus dynamique et frénétique, sur la base d'une base de personnage mince. Chaque confrontation se transforme donc en une chorégraphie improvisée par le joueur et composée de parades, d'esquives et de sauts gracieux concaténés à divers types d'attaques.

En plus du coup de base et du coup chargé, Aegis peut sauter et plonger au sol ou enchaîner des mouvements dans les airs (une sorte de version très simplifiée de Bayonetta). La course et cette dernière doivent être cadencées de manière raisonnée, compte tenu de la présence d'une barre d'endurance très sensible, ici appelée autonomie ; en cas de surchauffe, vous serez incapable d'exercer le moindre effort et devrez vous dépêcher d'appuyer sur un bouton spécial pour refroidir le corps incliné. Aegis dispose d'un équipement composite entre un sac dans lequel on peut placer des bombes élémentaires, des potions de soin et autres, ainsi que deux armes distinctes librement interchangeables. Dans les rues ravagées de Paris, il sera possible de ramasser jusqu'à quarante outils différents, dont des éventails, des chaînes, des lances, des tonfas, des griffes, des épées, des masses et même une roue, ainsi que des armes spéciales. L'originalité de Spiders réside dans la gamme de schémas offensifs fournis par les différents objets. Ainsi, alors qu'avec un éventail vous pouvez créer un bouclier presque impénétrable, avec des griffes vous pouvez exécuter une sorte de fente avec de lourds dégâts. L'arme à feu vous permet d'infliger des dégâts temporaires aux ennemis, comme des dégâts de feu progressifs, ou une immobilité due au gel, car elle dispose de projectiles spéciaux. Malgré le fait que les munitions ne sont pas infinies, quelques fissures apparaissent dans l'équilibre général des batailles, car transformer des adversaires artificiels en figurines gelées brise toute hypothèse d'un affrontement de jeu de rôle basé sur l'étude et la pratique ; en général, les pouvoirs de ce type risquent d'être gourmands jusqu'à l'abus. Pour ceux qui ne sont pas familiers du genre, il existe un mode d'assistance activable à volonté, qui, sans annuler la difficulté, permet au joueur de nombreuses facilités.

Un régime à restaurer.

Plutôt que de s'ouvrir sur un monde ouvert, la France dystopique de Steelrising se compose de plusieurs niveaux structurés en couloirs et en zones plus vastes, bien que manifestement limitées. Le saut d'Aegis et son grappin récupérable après un moment donné accompagnent un level design qui tente d'exploiter la verticalité d'une métropole du 19ème siècle aussi chaotique et retranchée dans ses bâtiments que sale et traîtresse dans ses intérieurs. Le résultat, cependant, est une série de points élevés et de carrés reliés par des passages à ouvrir pour aider en cas de game over, à la seule exception de quelques perturbations secondaires où des coffres peuvent être découverts. En bref, l'urbanisme de cette capitale aurait mérité une plus grande complexité, même au vu de ses prémisses. L'un des points forts de Steelrising est sa direction artistique : le mélange d'une représentation déformée de la Révolution française et du goût steampunk de la robotique et de la mécanique est gagnant et capable de captiver le joueur. Sans oublier les re-propositions de structures réelles, comme le Grand Châtelet, une forteresse de l'Ancien Régime que les écrivains de l'époque décrivaient comme fétide en raison des débordements des égouts et du sang séché des bordels voisins, ou la Tour du Temple, un bâtiment construit par l'Ordre des Templiers qui a servi de prison avant d'être démoli par Napoléon Bonaparte. Cependant, cette colonne stylistique montre des fissures en virant vers la technique pure : les animations sont plutôt en bois, les hitbox de certains ennemis imprécises et en général le niveau de détail des environnements est à peine suffisant. La bande sonore n'excelle pas, mais accompagne dignement la mission de paix sanglante d'Aegis. Mais quel erreur pour un jeu français de ne proposer que des doublages en anglais ! Pour finir, nous avons été déçus de ne pas découvrir de support digne de ce nom pour les fonctions DualSense de Sony, qui, avec ses gâchettes adaptatives et son retour haptique, auraient galvanisé l'expérience des utilisateurs de la PlayStation 5.

VERDICT

-

Steelrising est à la fois le point culminant de Spiders et la réitération de défauts communs à plusieurs de leurs jeux. Habillé d'un style artistique historique évocateur, ce RPG d'action pour PC et consoles next-gen ne parvient pas à faire le poids face à son prédécesseur, devant se contenter d'animations et de graphismes improvisés. Face à un level design peu convaincant, le dernier effort de l'équipe hexagonale a su nous convaincre de monter les engrenages, d'assembler nos membres, de nous lancer dans la guerre d'un peuple déchiré par son sang, et peut-être de découvrir notre liberté, notre égalité avec eux, la fraternité tant recherchée.

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