Quand la noirceur de Clint Eastwood rencontre la violence de Sam Peckinpah, cela donne un grand western en CinémaScope. Au départ c’était un exercice de style, juste quelques dessins publiés sur Instagram. Mais le concept est devenu un album, et quel album ! Un cowboy s’avance dans le froid et la neige son fusil à la main. Il semble poursuivre quelqu’un, mais peut-être veut-il juste rentrer dans cette cabane dans laquelle se terre un être hirsute, un couteau ensanglanté à la main. Au loin, un village perdu en pleine forêt, hanté par une bande sans foi ni loi avec à sa tête un colosse borgne et barbu. Un homme au passé trouble, assoiffé de vengeance, seul face à une horde sauvage, avec ses armes pour seuls compagnons... tous les ingrédients d'un bon western archétypal. Et dès les premières pages, la tension est là. Les balles sifflent, les couteaux volent, les têtes tombent, la mort est partout, la violence nous submerge.

C’est l’histoire d’une traque impitoyable, sans concession et sans pitié. Tous les personnages ont des gueules de cauchemars comme on en rêve dans tout western qui se respecte, et leur sauvagerie est totale et parfaitement assumée. Ça sent la sueur, le sang et la crasse dans ce récit amoral dont la seule issue est la mort avec la peur à chaque page. Un roman muet totalement cinématographique dont le format à l’italienne rappelle les films en CinémaScope, le storyboard parfait pour un grand western. Comme extraite d'une pellicule, chaque page n’est qu’une image, d’un noir profond légèrement teinté de bleu mais d’une noirceur assumée. Et le trait est haché, dynamique, fiévreux avec une énergie époustouflante et un sens du mouvement et du cadrage remarquable.