Astérix tome 39 : Astérix et le Griffon
Plate-forme : Bande Dessinée
Date de sortie : 21 Octobre 2021
Résumé | Test Complet | Images
Editeur :
Développeur :
Genre :
Bande dessinée
Multijoueur :
Non
Jouable via Internet :
Non
Test par

Nic007


8/10

Scénario : Jean-Yves Ferri
Dessin : Didier Conrad

Panem et circenses - une belle devise, mais le peuple veut de la variété, c'est pourquoi César est toujours à la recherche de nouvelles sensations pour le Circus Maximus. Le douteux scientifique Terrinconus arrive juste à temps pour lui : il fait état d'un monstre légendaire, le griffon, qui se trouverait dans les régions orientales inexplorées du monde. Il est logique que l'on vienne de capturer un représentant des Sarmates qui y vivent et qui est censé savoir où se trouve la créature. C'est ainsi que nous partons en expédition dans les étendues glacées de Barbaricum, où se trouvent également - comme par hasard, ce qui n'est jamais vraiment le cas - nos amis du petit village gaulois. Le maître druide Panoramix a reçu un appel à l'aide de son collègue, le chaman Cékankondine, qu'il a rencontré pour la dernière fois lors d'une conférence sur la magie alternative. Cékankondine prédit des ennuis au griffon, et que le sauvetage ne peut venir que des Gaulois, et du plus petit de leurs rangs. Ils sont bien sûr heureux d'aider, même si la potion magique gèle et devient donc totalement inefficace. Pendant que Panoramix et Cékankondine tentent de se ravitailler, Astérix et Obélix s'insèrent dans l'ordre social des Sarmates : les femmes y portent littéralement le pantalon, s'occupant de la défense et de la conquête dans le plus pur style amazonien, tandis que les hommes s'occupent de la maison, des enfants et de la ferme. Lorsqu'ils rencontrent à l'approche la troupe romaine dirigée par le centurion Danssonjusse, parmi laquelle se trouvent Terrinconus et le gladiateur muet Jolicursus, Obélix a de gros ennuis : si la prisonnière Kalashnikova ne sait sincèrement rien du lieu où se trouve le Griffon, Cékankondine est bien plus à même de l'aider, raison pour laquelle les Romains exigent un échange en guise d'ultimatum. Cékankondine se rend et est également fait prisonnier. Une course s'engage alors vers le prétendu bout du monde, où le griffon est censé se trouver...

Pour leur cinquième album, l'équipe de Didier Conrad et Jean-Yves Ferri est une fois de plus confrontée à la tâche herculéenne de poursuivre dignement ce qui est probablement le plus grand héritage de l'histoire de la bande dessinée. Albert Uderzo, qui s'est également essayé pendant de nombreuses années à l'écriture des textes de la série avec un succès plutôt limité, a pu livrer ici ses idées pour la dernière fois avant son décès en 2020. Le brillant épisode "Astérix et la Transitalique" a été suivi de "La fille de Vercingétorix", même là il était clair qu'il ne sera jamais possible de remplir l'empreinte surdimensionnée d'un Goscinny, mais le duo Ferri/Conrad résout toujours la tâche herculéenne mieux que les récentes maigres tentatives d'Uderzo de faire cavalier seul. Sur le plan du dessin, on peut en tout cas constater que Didier Conrad, comme Achdé pour l'"autre" série de Goscinny, Lucky Luke, trouve exactement le ton juste pour les personnages et répond ainsi aux attentes du public, ce qui en soi semble louable. Avec de larges représentations de paysages (dont un panneau entièrement blanc pour un désert enneigé), Conrad réussit également à introduire sa propre touche, qui rappelle définitivement les visuels des grands westerns d'un John Ford. Mais ce qui est encore plus décisif, c'est la comédie pétillante qui caractérise l'âge d'or de nos Gaulois - et dans cette catégorie, on trouve dans ce volume une idée assez basique qui joue presque dans la même ligue qu'un film "high concept" : deux expéditions recherchent une créature mythique pour des motivations complètement différentes, nous connaissons cela grâce aux innombrables films de George Pal du dimanche matin. Le fait que la légende du griffon s'avère finalement assez - attention spoilrt - volontairement artisanale et que la bête en vrai s'avère plutôt être une référence à la chose gelée d'un autre monde, associée à Godzilla, ajoute une touche sympathique ici, même si le fil conducteur perd un peu de sa densité dans les derniers mouvements.

Ce que Ferri réussit à nouveau à merveille, ce sont les allusions satiriques et, surtout, les références à l'actualité : il y a le légionnaire Fakenius, dont les théories absconses de conspiration sont trop facilement colportées parmi les Romains (en effet, il est suspect que le soleil se lève chaque matin, où était-il pendant tout ce temps ?) Les dames sarmates pratiquent également une inversion désinvolte des rôles classiques : "La guerre est une affaire de femmes", affirme la reine, qui semble plus d'une fois être le portrait craché d'une Bonemine. Malheureusement, l'exagération satirique des caractéristiques typiques du pays, dont Goscinny est passé maître dans ses populaires aventures de voyage, fait défaut, au moins une fois, lorsque les personnages réfléchissent aux campagnes militaires précédentes et vantent les mérites des Teutons : "Les Vandales, tu te souviens ? - Oui, bien sûr ! Des gars rudes, mais toujours corrects ! - La nourriture des Francs : for-mi-da-ble ! - Et la cervoise des Bavarois ! - Tout n'était pas mauvais non plus avec les Saxons !" Comme d'habitude, l'album est disponible sous forme de volume à couverture rigide, en plus de l'édition habituelle de luxe (128 pages).

VERDICT

-

Avec des réminiscences d'aventures antérieures (on connaît la potion magique ratée de la "Bataille des chefs"), des running gags sympathiques (Jolicursus et Terrinconus ne cessent de se disputer bruyamment à propos d'expéditions antérieures qui ont mal tourné) et un Obélix également lourd de contenu, qui a même le temps de vivre une petite romance, l'équipe réussit néanmoins à apporter une contribution réussie. Et à la toute fin, sur le traditionnel dernier panneau avec le banquet, une chouette en pleurs fait ses adieux - l'animal préféré d'Uderzo, qui dans "Astérix chez les Belges" a créé un monument à son partenaire Goscinny avec un lapin triste. On ne peut pas terminer un hommage de façon plus belle.

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