Les grands cerfs
Plate-forme : Bande Dessinée
Date de sortie : 23 Septembre 2021
Résumé | Test Complet
Editeur :
Développeur :
Genre :
Bande dessinée
Multijoueur :
Non
Jouable via Internet :
Non
Test par

Nic007


8/10

Scénario et dessin :  Gaétan Nocq
d'après le roman de Claudie Hunzinger

Ah le retour à la nature, à la vie sauvage, loin de ces maudits contemporains, ces charognards chasseurs ou ces administrateurs sans âme. Pamina vit depuis plusieurs années dans la forêt des Vosges. Sa maison se situe très loin de toute vie urbaine. Le chemin qui y mène est d’ailleurs un chemin privé que personne n’emprunte. Depuis peu, elle se prend d’un grand intérêt pour les animaux sauvages qui entourent sa maison, et surtout pour les cerfs. Elle découvre l’art de l’observation animale, avec l’aide d’un de ses amis photographe. Elle se passionne pour leur vie, se questionne sur le sujet de la préservation de la forêt et de la chasse. Comme s'ils étaient les derniers récipiendaires de la sagesse du monde, ces êtres qui brament deux mois par ans et dont les bois tombent chaque année aussi dramatiquement qu'un gilet jaune lors d'une manifestation pacifique : mais la ramure du cerf, chaque année, heureusement, se régénère (toujours plus fort, toujours plus haut) et c'est un miracle de suivre ces individus si mystérieux, si sauvages, si purs, si fugaces... avant qu'un chasseur ne les abatte froidement pour mettre son trophée sur la cheminée.

On sent toute la dévotion de Pamina pour assouvir sa nouvelle passion, passant plus de temps à l'affût dans des conditions terribles (les cerfs aiment sortir quand il n'y a personne dehors) qu'à tenter en un sens de renouveler le dialogue avec ses pairs - seules une poignée d'artistes en marge trouvent grâce à ses yeux (de biche); la personne qui l'initie à cet art de l'affût, de l'observation, du regard patient, étant surement au final l'être que la déçoit le plus : on est définitivement en train de tout bousiller, la nature comme les valeurs de base... On sent dans ce récit d'une personne en totale communion avec son environnement proche (et ce même si elle nous gonfle un peu avec ses tailles de ramure) comme une petite bouteille jetée à la mer, une mer déjà desséchée, bourrée de plastique ; oui, l'ouvrage sent autant le sapin que la sciure comme si cette humanité était entrée dans un cycle infernal et totalement assumé de destruction massive (et pourtant il reste encore des outardes). Le dessin est plein de poésie et fait de cette forêt un lieu à la fois mystérieux et magnifique. Cette histoire permet d’appréhender les enjeux et difficulté dans l’entretien des grandes forêts et de mieux connaître les cerfs. Le roman de Claudie Hunzinger réussit à maintenir le parfait équilibre entre le poids des informations sur la nature et la légèreté de la poésie qu’elle utilise pour en parler, sentiment bien reproduit dans la bande dessinée, même si l'intrigue manque de soubresauts et que la narratrice gagnerait à plus partager son histoire personnelle.

VERDICT

-

Un récit habitée par son sujet, sin-cerf (on glisse volontiers au côté de Pamina lors de ces attentes infinies) avec dans le fond des petits relents d'odeur d'humus pas si déplaisants- comme s'il était finalement grand temps d'enterrer le genre humain avant qu'il ne pourrisse la terre entière. Dans l'air du temps, dramatiquement.

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