Il fait chaud dans le sud de la France et notre petit camping au bord de la rivière est un microcosme de clichés d'été : engouement et amour naissant non partagé, élection de Miss Camping et soirée disco ringarde, disparition de culottes et... d'hommes. Les métaphores de l'entrée dans l'âge adulte s'entrechoquent dans Les Fauves, un drame français de Vincent Mariette dans lequel l'adolescente Laura (Lily-Rose Depp), 17 ans, qui passe l'été avec ses cousins dans un camping, est intriguée par la rumeur qui court. En effet, il y aurait une panthère en liberté dans les bois. Le présumé félin a été tenu responsable de la mort d'animaux locaux et même de certaines disparitions humaines. Les campeurs sont sur les nerfs, après qu'un garçon lié à Laura ait disparu. Solitaire et déconnectée socialement, Laura devient le centre des soupçons de la police, mais lorsqu'ils en viennent à l'interroger, elle est obsédée par Paul Baltimore (un Laurent Lafitte effrayant), l'écrivain d'horreur d'à côté. L'artiste solitaire lui raconte qu'il perpétue lui-même le canular du léopard, d'une part pour donner à la société le plaisir du mystère et d'autre part pour couvrir ses propres activités d'abattages d'animaux (il utilise une pince métallique pour reproduire les griffures du léopard). Laura est fascinée par cela, fascinée par Paul, fascinée par les secrets, fascinée par la perspective des animaux morts. ("Les chevaux morts sont beaux," dit-elle. "J'ai lu un poème à ce sujet.").

Une enquêtrice de police (Camille Cottin), dont le mari a disparu l'année dernière, ajoute de l'intrigue à un film qui est finalement plus intéressé à présenter des symboles ambigus sur l'éveil des adolescents qu'à raconter une histoire horrifique. Son tour de force nous sert une intrigue universelle sur le premier amour d'une manière très troublante, créant lentement une tension à travers une caméra en perpétuel mouvement, des personnages dérangeants, et une partition étonnamment redoutable. Mariette et sa coauteure Marie Amachoukeli-Barsacq, trop timides dans leur approche de la matière, l'ont toutefois positionné entre les sensations fortes du genre et les métaphores du cinéma d'auteur. A noter que le DVD comporte en suppléments deux courts métrages de Vincent Mariette : -"Double mixte" (2012, 25') - "Les Lézards" (2012, 14').