Michael Haller est avocat à Los Angeles. Habile, il est prêt à tout pour faire gagner les criminels de bas étage qu’il défend. Toujours entre deux tribunaux, il travaille à l’arrière de sa voiture, une Lincoln Continental. Ayant passé la plus grande partie de sa carrière à défendre des petits voyous minables, il décroche pourtant ce qu’il pense être l’affaire de sa vie : il est engagé pour défendre un riche play-boy de Beverly Hills accusé de tentative de meurtre. Mais ce qui semblait être une affaire facile et très rentable se transforme en redoutable duel entre deux maîtres de la manipulation.

La Défense Lincoln est un exemple assez extraordinaire des forces et des limites du modèle de production hollywoodien. Correctement filmé, sans temps morts, avec une balade permanente dans la mégapole américaine, le film met en scène McConaughey, naguère jeune premier totalement insipide, qui finit par prendre de la patine avec le temps. En même temps, les personnages secondaires sont sans le moindre relief. Les décors judiciaires ont été vus des milliers de fois au cinéma et à la télévision, et Furman n'y apporte strictement aucune nouveauté. La vision de la ville est sans imagination (à comparer avec ce que Mann a fait dans "Collateral", par exemple). D'un autre côté, l'intrigue est plutôt retorse et solidement charpentée. On sent alors un moment vers quoi le drame pourrait basculer : l'investigation d'une chute ou d'une déchéance intérieure à la American Gigolo de Paul Schrader de ceux dont le métier flirte avec les limites des lois de la société, un effondrement vertigineux de repères moraux et sociaux pour le héros, fatigué, usé, les yeux suintant l'alcool.