Lefranc va participer à une régate en mer de Banda, un lieu étrange pour une course de voile en raison des troubles politiques. Mais une amie néerlandaise, Théa, le persuade et, avec un équipage d'environ huit personnes, ils se lancent dans l'aventure. Lefranc se révèle être une force sur laquelle il faut compter, et le capitaine, initialement sceptique, se laisse vite convaincre. Mais quelques jours après le début du voyage, ils reçoivent une alerte au typhon. Ils font tout leur possible pour rejoindre une île et s'y abriter, mais en vain. Un membre de l'équipage tombe par-dessus bord, un autre est grièvement blessé, et ils font naufrage sur un récif au large d'une île. Heureusement, des pêcheurs les retrouvent rapidement et les ramènent sur leur île, Walang. Cependant, les soins médicaux étant totalement insuffisants pour l'homme grièvement blessé, ils décident de le transférer dans un sultanat où une compagnie minière néerlandaise extrait du cuivre. Il s'avère que cette mine appartient au père de Théa. Mais il a réglé l'affaire avec la régente Tasmin, qui assure le gouvernement de son neveu de 13 ans, Sinar, le véritable sultan. À leur arrivée, les naufragés sont traités avec une hostilité farouche et arrêtés presque immédiatement. Tasmin ne veut pas que quiconque surveille ses transactions douteuses avec des investisseurs étrangers. Heureusement, le jeune Sinar intervient lorsqu'ils veulent enfermer Lefranc à la cave. Il conduit le journaliste dans ses quartiers et lui explique la situation. Sinar se révèle tout savoir des machinations de Tasmin, y compris l'idée de le faire disparaître alors qu'il partait étudier en Europe. Lefranc décide d'aider le sultan.

Guy Lefranc, bourlingueur infatigable, nous emmène vers la mer de Banda, qui borde le Sud de l'archipel des Moluques en Indonésie.  Intéressant voyage sur le globe, mais également dans le temps, car cette histoire mouvementée se déroule au début des années 1960 (vous ne bouderez pas votre plaisir à situer cette action au fil des indices qui sont délivrés au long des 46 pages du récit). Le scénario, assez classique  mais efficace, et la ligne claire orthodoxe impeccable - décors soignés, personnages un peu raides — restent fidèles à l’héritage de Jacques Martin, qui fut davantage un pair qu’un suiveur de l’inégalable Edgar P. Jacobs. Les codes de l’époque sont scrupuleusement maintenus avec le contexte de complots industriels et d'intrigues géopolitiques. Les amateurs de bateaux et d’avions ne bouderont pas leur plaisir : les machines sont restituées avec précision. C’est éminemment didactique, parfois trop explicatif, un peu usé côté aventure, mais plaisant par sa rigueur documentaire et et son exotisme mesuré. En bref : classique sûr et respectueux, qui ravira les fidèles.