Blanche Neige, Rouge Sang (Snow, Glass, Apple's de Colleen Doran adaptée d'une nouvelle de Neil Gaiman) est une déclinaison obsédante de Blanche-Neige racontée sous forme de roman graphique. L'histoire est racontée du point de vue de la belle-mère, remarquez que nous n'avons pas dit la méchante belle-mère. Dans cette histoire, c'est inversé : la belle-mère est bonne et aimante, tandis que sa belle-fille est le mal incarné. Les images sont d’une beauté envoûtante et très graphiques. Les dessins laissent une impression durable avec le mélange de couleurs vives et de couleurs sombres. L'histoire comportait très peu de dialogues, la majeure partie de l'histoire étant livrée par la narration. Cela commence par l'amour et la convoitise envers la nouvelle reine et le nouveau roi, ils ont des chambres séparées et font souvent l'amour. La reine commence à remarquer un changement chez le roi et le voit de moins en moins. Ce roi a une fille, une jeune fille aux cheveux noirs comme l'ébène, à la peau blanche comme la neige et aux lèvres rouges comme le sang. Vous savez comment ça se passe. Sauf qu'il y a quelque chose qui cloche chez cette Blanche-Neige en particulier. Disons simplement qu'elle n'est pas la princesse de conte de fées à laquelle on pourrait s'attendre.

Pour Gaiman, la belle-mère est un personnage sympathique, soumis aux terreurs d'une jeune princesse qui se nourrit de sang humain, se livre à une prostitution sale et forestière, et qui est d'une magie envoûtante (on parle ici de la capacité de la princesse à vivre après qu'on lui ait arraché le cœur). Cette princesse mord et draine le sang de tous ceux qu'elle rencontre et, ce faisant, est capable de tuer son père et un certain nombre de « gens de la forêt ». Elle est finalement amenée à mort lorsque la reine prend un certain nombre de pommes, les infuse de son propre sang et d'un certain nombre d'herbes, et les laisse à la princesse. Cependant, le prince arrive. Et ce prince n'est pas du genre trompettistes et escapades héroïques (honnêtement, s'il l'était, cela ne conviendrait pas du tout à Gaiman). C'est plutôt un prince qui trouve sa satisfaction érotique dans la nécrophélie. À la fin de l'histoire, la reine connaît sa fin malheureuse mais inévitable, même si, même dans ce cas, l'horreur subtile employée par Gaiman est telle que toute l'histoire restera en tête pendant un certain temps. Les images sont époustouflantes, même les choses horribles dont vous ne pouvez pas détourner les yeux. La manière créative dont l'histoire est racontée a toujours les mêmes rythmes que l'original, juste tordu. Le Prince est attiré par les choses "immobiles"; les nains et les gens de la forêt sont des bandits et des voleurs. Même si c'est une chose de lire sur la brutalité, c'en est une autre de la voir représentée – même si c'est dans un style artistique qui n'est pas très réaliste.