Paris, 1919. Camille Harland enchaine deux professions pour espérer s'en sortir, à savoir ouvrière dans une usine et femme de ménage chez un couple de bourgeois. En cette période trouble de l'histoire, le carnet de commandes de l'entreprise qui l'emploie est sérieusement compromis et Camille est bientôt licenciée. Pourtant, il lui faudra trouver d'autres moyens de gagner de l'argent, sa petite fille Adèle souffre de la tuberculose, une maladie respiratoire difficile à soigner à l'époque. Inutile de compter sur l'aide de son mari, ce dernier a été fusillée pour rébellion. Afin de s'en sortir, Camille entend devenir une courtisane chez les gens de la haute société, surtout qu'elle dispose d'un pouvoir d'hypnotiseuse très pratique pour détrousser ses clients. Lors de la Conférence de la paix, Camille s'apprête à détrousser un riche bourgeois, mais elle est finalement arrêtée par la police et tombe dans les griffes des services secrets, dirigés le redoutable Colonel Brunaire. Pour éviter le bagne, Camille va devoir devenir elle-même une agent secrète et sa mission est double : Non seulement elle devra parfaire sa technique d'hypnose, puisque jusqu'à présent elle a surtout appris par mimétisme, mais aussitôt et surtout infiltrer les syndicats ouvriers car la colère gronde parmi leurs rangs. Cependant, Camille ne va pas bien du tout depuis le suicide d'Albertine, l'anarchiste dont elle s'était liée d'amitié (voir premier tome). Pour ne rien arranger, sa fille est bientôt enlevée par un fantôme du passé.

L'intrigue d'Hypnos apporte un certain renouveau au genre, à travers justement l'utilisation active de l'hypnose. Camille semble prête à tout pour que sa fille soit soignée. Le scénario de Laurent Galandon comporte de nombreuses zones d'ombre sur le passé du personnage, et le rapprochement avec son officier traitant pourrait bien compliquer sa tâche à l'avenir. Ce deuxième tome ouvre de nouvelles perspectives pour Camille, désormais affectée dans une affaire qui pourrait bien faire basculer la IIIème République. Il s'agit une fois encore d'un volume unitaire mais qui prépare le terrain pour une suite, difficile d'en dire trop sous peine de divulgacher l'histoire. Le dessin d'Attila Futaki affiche un trait semi-réaliste très réussi, et il faut noter qu'il s'agit de sa première bande dessinée traditionnelle (l'auteur a surtout travaillé sur des comics). Le Paris des années 1920 est magnifique, soutenu par une très réussie et vibrante mise en couleurs.