Ciprian est le fils d’un Ursari, un combattant légendaire capable de défier un ours. Avec sa famille, ils se produisent sur les places des villages dans les pays de l’Est. Mais ils sont détestés là-bas et un jour, ils sont contraints de fuir… Deux hommes, Zlot et Lazlo, leur proposent de devenir riches, à Paris, là où l’argent coule à flot, où l’on devient riche sans s’en rendre compte. Bien malgré eux, Ciprian et sa famille se retrouvent alors dans un camion, direction la France.

Le romancier Xavier-Laurent Petit s’inspire du monde actuel et des gens que l’on rencontre au détour d’une vie dans nombre de ses ouvrages. Cette fois, on découvre la famille de Ciprian, son père qui combat les ours et dont la fierté remonte jusqu'aux lettres de protection délivrées par l'empereur Sigismond au XVe siècle ; sa mère gardienne du feu ; son frère Dimetriu qui emprunte tout ce dont ils ont besoin pour manger ; sa sœur Vera qui chante et danse pour attirer le public. Lorsque tout ce monde arrive en France, la fierté doit être oubliée et à chacun est attribué un nouveau métier : ferrailleur pour le père ; nourrice itinérante pour Vera ; gardienne de distributeurs de billets pour la mère et emprunteur de portefeuilles pour Dimetriu et Ciprian, son apprenti. Malgré l’argent qu’ils rapportent chaque soir, la vie se révèle bien plus difficile que ce qu’on leur avait promis. Et bientôt, les véritables ennuis commencent. Du côté de Ciprian, pourtant, il y a un peu de lumière. C’est au jardin du Luxembourg que tout va se jouer, lorsque le garçon découvre ce jeu étrange avec des pièces blanches et des pièces noires. Est-ce l’espoir qui s’épanouit pour le garçon ? C’est en tous cas l’un des messages du récit qui à travers la famille de Ciprian dépeint les conditions des Roms en France et le trafic insurmontable dont ils sont victimes. Ciprian pourra compter sur l’aide de personnages presque mythologiques tant leurs caractéristiques lui sont étonnantes. Le scénario, plein d’émotions, finit de nous transporter dans un ouvrage où l’on passe du rire aux larmes, de la tradition ancestrale, presque magique, d’un monde oublié, à la dure et cruelle réalité de la pauvreté et du trafic d’êtres humains en France. Le dessin remarquablement dynamique de Cyrille Pomès, sublimé par les couleurs d'Isabelle Merlet, ajoute encore un supplément d'âme à cette histoire tragique.